Un nouveau rapport propose des moyens d’aider à résoudre les problèmes de perte et de gaspillage d’aliments en Amérique du Nord
Montréal, le 27 mars 2018—La Commission de coopération environnementale (CCE) a rendu public aujourd’hui un rapport détaillé sur l’état de la perte et du gaspillage d’aliments au Canada, au Mexique et aux États-Unis dans le cadre de l’initiative Diminution et récupération des déchets alimentaires en Amérique du Nord. Ce rapport, intitulé Characterization and Management of Food Loss and Waste in North America (Caractérisation et gestion de la perte et du gaspillage d’aliments en Amérique du Nord), ainsi que son livre blanc, décrivent les effets néfastes de la perte et du gaspillage d’aliments (PGA) sur les plans socioéconomique et environnemental, et mettent en évidence des mesures qui peuvent être prises par les secteurs industriel, commercial et institutionnel (ICI), les gouvernements et les organismes non gouvernementaux pour réduire la PGA.
Perte et gaspillage d’aliments en Amérique du Nord
Selon le rapport, quelque 168 millions de tonnes d’aliments sont gaspillés chaque année en Amérique du Nord, soit 415 kilogrammes par habitant aux États-Unis, 396 kilogrammes par habitant au Canada et 249 kilogrammes par habitant au Mexique. Avec des écarts notables entre les trois pays, le rapport indique que la plus grande partie de la PGA en Amérique du Nord, soit 67 millions de tonnes/année, est imputable aux consommateurs ; 52 millions de tonnes sont attribuables aux secteurs industriel, commercial et institutionnel, et 49 millions de tonnes, au secteur de la pré-récolte. Les pertes représentent un énorme gaspillage de ressources sociales, économiques et naturelles et ont des impacts environnementaux très importants.
Outre le fait qu’il met en lumière la grande quantité d’aliments perdus et gaspillés dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire de l’Amérique du Nord, le rapport examine en détail les principales causes de la PGA et propose des solutions possibles pour la réduire, en portant une attention particulière à la surproduction, aux dommages causés aux produits, au manque d’uniformité dans l’étiquetage des dates, à l’absence d’infrastructure de la chaîne du froid, aux critères stricts de classification des aliments, aux demandes variables des clients et aux fluctuations des marchés. Les auteurs du rapport concluent que les distributeurs, les détaillants, les organismes qui récupèrent des aliments et les établissements de service alimentaires ont tous un rôle essentiel à jouer dans la mise en œuvre de solutions
« Au fur et à mesure que nous comprenons mieux les incidences de la perte et du gaspillage d’aliments sur notre économie et notre environnement, nous devons nous engager à prendre des mesures de réduction à la source et de récupération d’aliments à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement alimentaire, a expliqué le directeur exécutif de la CCE, César Rafael Chávez. Avec ce rapport, nous voulons établir une référence et proposer une gamme d’outils et de stratégies qui permettront à chaque secteur de la chaîne d’approvisionnement alimentaire de réduire ces pertes. »
Impacts environnementaux et socioéconomiques de la perte et du gaspillage d’aliments
Selon les estimations fournies dans le rapport, les impacts annuels de la PGA sur les plans environnemental et socioéconomique en Amérique du Nord sont frappants :
- émissions de 193 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES) durant le cycle de vie des aliments gaspillés – de la production à l’élimination – soit l’équivalent des émissions de GES produites par 41 millions de voitures qui rouleraient continuellement pendant un an
- 17,6 milliards de mètres cubes d’eau gaspillée
- 22,1 millions d’hectares ou près de 55 millions d’acres de production agricole perdue
- 38,6 millions de mètres cubes d’espace utilisé dans les dépotoirs
- 278 milliards de dollars américains : valeur marchande de la production alimentaire perdue chaque année
Solutions
Le rapport met en évidence plusieurs façons de s’attaquer au problème de la PGA dans les secteurs industriel, commercial et institutionnel :
- Réduction à la source – Réduction des déchets alimentaires à la source grâce à la gestion des stocks et à l’offre de portions réduites dans les établissements de service alimentaire pour réduire les pertes, à l’amélioration du potentiel commercial des fruits et légumes frais en intégrant des produits de seconde catégorie aux commerces de détail (généralement à prix réduit), à l’amélioration des conditions de transport et de stockage pour préserver la qualité, et à la collaboration entre les intervenants pour uniformiser l’étiquetage des dates pour qu’elles soient claires et cohérentes et réduire la confusion à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement alimentaire
- Récupération pour consommation humaine — Encouragement des dons d’aliments sains et nourrissants qui, autrement, seraient gaspillés, que ce soit par des incitatifs financiers, une protection des donateurs contre la responsabilité, la création de plateformes en ligne pour la récupération de nourriture, une aide financière pour l’amélioration de l’infrastructure et un suivi des dons dans les systèmes des organismes de récupération d’aliments.
Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre associées à la PGA, le rapport souligne que la réduction à la source et la récupération d’aliments sont préférables au recyclage, et que l’élimination est la méthode la moins souhaitable.
Le rapport et le livre blanc de la CCE sur la caractérisation et la gestion de la perte et du gaspillage d’aliments en Amérique du Nord sont rendus publics en complément d’un autre rapport annoncé récemment par la Commission, Characterization and Management of Organic Waste in North America (Caractérisation et gestion des déchets organiques en Amérique du Nord), dans le cadre de l’initiative Diminution et récupération des déchets alimentaires en Amérique du Nord. Cette initiative porte sur les impacts de la perte et du gaspillage d’aliments sur la sécurité alimentaire, l’économie et l’environnement et propose des outils et des mesures d’éducation visant à prévenir et à réduire ces impacts.
Pour en savoir plus ou pour lire l’intégralité du Livre blanc et du rapport de base, rendez-vous à la page www.cec.org/fw/fr.
Qui sommes-nous?
Les gouvernements du Canada, du Mexique et des États-Unis ont établi la Commission de coopération environnementale (CCE) en 1994 en vertu de l’Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l’environnement, à savoir l’accord parallèle à l’Accord de libre-échange nord-américain en matière d’environnement. Or, depuis 2020 et conformément au nouvel Accord Canada‒États-Unis‒Mexique (ACEUM), elle est désormais régie par l’Accord de coopération environnementale (ACE). La CCE rassemble un éventail d’intervenants issus du grand public, de peuples autochtones, des jeunes, d’organisations non gouvernementales, du milieu universitaire et du domaine des affaires en vue de trouver des solutions qui permettent de protéger l’environnement que partagent les trois pays nord-américains, mais tout en favorisant un développement économique durable au profit des générations actuelles et futures.
La CCE réalise ses activités grâce au soutien financier du gouvernement du Canada, par l'entremise du ministère de l’Environnement et du Changement climatique, du gouvernement du Mexique, par l'entremise du Secretaría de Medio Ambiente y Recursos Naturales (ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles), et du gouvernement des États-Unis, par l'entremise de l'Environmental Protection Agency (Agence de protection de l'environnement).