La sauvegarde des oiseaux
Le bien-être des oiseaux dans l’un des trois pays nord-américains dépend des conditions qui règnent également dans les deux autres. David Pashley montre dans cet article que l’Initiative de conservation des oiseaux de l’Amérique du Nord (ICOAN) est sur la bonne voie si l’on tient compte des efforts déployés pour mettre en commun les compétences et les ressources du Canada, du Mexique et des États-Unis en vue d’élaborer une stratégie continentale cohérente pour sauvegarder les oiseaux.
L’ICOAN, qui relève de la CCE, est destinée à améliorer l’efficacité des activités de conservation des oiseaux dans les trois pays. Une grande partie de la population s’intéresse aux oiseaux à titre de composante active et étonnante du monde de la nature, d’espèces-gibier et d’éléments essentiels pour la santé des écosystèmes. Cet intérêt est devenu une inquiétude face à la diminution alarmante des populations de nombreux oiseaux, inquiétude qui a motivé un grand nombre d’organisations, d’organismes gouvernementaux, de sociétés commerciales et de particuliers à se consacrer à leur conservation. L’ICOAN offre à ces diverses entités la possibilité d’interagir et de coopérer à cette fin.
Mais pourquoi le renforcement de la coopération est-il si important? Parce que les pressions toujours plus fortes auxquelles les êtres humains exposent les sols et les eaux constituent des défis tellement complexes sur un territoire aussi vaste qu’il faut regrouper les compétences et les ressources de tout le continent pour réaliser des progrès significatifs. Plus de 1 100 espèces d’oiseaux résident régulièrement dans les trois pays nord-américains et chacune d’elles a un ensemble de besoins uniques et complexes en matière d’habitat. Certaines arrivent à s’adapter aux changements toujours plus nombreux que provoquent les humains, mais cette adaptation est plus difficile pour un nombre encore plus grand d’entre elles. Même la simple démarche visant à déterminer quels sont les oiseaux qui subissent le plus de pressions et où cela se produit est très compliquée. L’évaluation des tendances démographiques de ces nombreuses espèces, dont la plupart sont extrêmement difficiles à recenser sur plusieurs milliers de kilomètres carrés, représente un très grand défi scientifique. Cependant, malgré une connaissance encore partielle, il est évident que les nombreux oiseaux avec lesquels nous partageons le continent sont en difficulté. Le bien-être de nombreuses espèces d’oiseaux dans un pays dépend des conditions environnementales qui règnent également dans les pays avoisinants.
Mais comment peut-on aborder ces problèmes et que peut-on faire pour stabiliser ou rétablir les populations? Certaines réponses sont simples : des milieux humides, des prairies, des forêts et d’autres habitats salubres sont davantage bénéfiques aux oiseaux que la subdivision des terres ou la culture en lignes. Les terres qui s’avèrent bonnes, à première vue, pour les oiseaux ne sont toutefois pas toujours en parfait état, ce qui signifie que nous devons apprendre à gérer des processus comme les incendies et les crues nécessaires pour maintenir le dynamisme des écosystèmes dont ne peuvent se passer de nombreux oiseaux. Nous devons également empêcher l’invasion de plantes et d’animaux exotiques agressifs qui menacent la stabilité des écosystèmes. Les terres gérées ou protégées au bénéfice des espèces sauvages ne constituent qu’une petite portion du tableau. Nous devons savoir de quelle manière rendre compatibles avec les besoins des oiseaux la foresterie, le pâturage et les impératifs agricoles qui influent sur une énorme partie de notre continent. Nous devons aussi apprendre à travailler avec des gestionnaires de terres pour mettre en place des pratiques bénéfiques aux oiseaux.
En bref, la conservation des oiseaux suppose :
- l’exécution d’une surveillance, à l’échelle du continent, par une armée de bénévoles;
- la réalisation de recherches précises par un ensemble d’ornithologues formés et subventionnés;
- l’établissement de plans et d’objectifs pour chaque sorte d’habitat imaginable en Amérique du Nord, appuyé par un large éventail de groupes d’intérêt;
- l’exercice d’une influence sur les politiques environnementales des trois pays, de leurs États et provinces ainsi que des comtés, des municipalités, des ejidos et d’autres entités politiques (et cela sans que l’on ait commencé à se pencher sur les problèmes auxquels sont confrontés les oiseaux migrateurs dans les Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud);
- l’établissement d’une relation positive avec certains des secteurs économiques les plus puissants du continent en matière de gestion des terres;
- la réalisation d’activités de sensibilisation, d’éducation et de communication dans le but de toucher le cour des gens au sujet de la conservation;
- le financement des activités avec une masse importante de fonds.
Sait-on maintenant pourquoi ceux d’entre nous qui se consacrent à la conservation des oiseaux ont besoin de mettre en commun leurs ressources et de coopérer? L’ICOAN s’avère jusqu’à présent le meilleur moyen que l’on ait trouvé pour relever ce défi. Ne manquez pas de suivre les progrès qu’elle permet de réaliser.
Qui sommes-nous?
Les gouvernements du Canada, du Mexique et des États-Unis ont établi la Commission de coopération environnementale (CCE) en 1994 en vertu de l’Accord nord-américain de coopération dans le domaine de l’environnement, à savoir l’accord parallèle à l’Accord de libre-échange nord-américain en matière d’environnement. Or, depuis 2020 et conformément au nouvel Accord Canada‒États-Unis‒Mexique (ACEUM), elle est désormais régie par l’Accord de coopération environnementale (ACE). La CCE rassemble un éventail d’intervenants issus du grand public, de peuples autochtones, des jeunes, d’organisations non gouvernementales, du milieu universitaire et du domaine des affaires en vue de trouver des solutions qui permettent de protéger l’environnement que partagent les trois pays nord-américains, mais tout en favorisant un développement économique durable au profit des générations actuelles et futures.
La CCE réalise ses activités grâce au soutien financier du gouvernement du Canada, par l'entremise du ministère de l’Environnement et du Changement climatique, du gouvernement du Mexique, par l'entremise du Secretaría de Medio Ambiente y Recursos Naturales (ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles), et du gouvernement des États-Unis, par l'entremise de l'Environmental Protection Agency (Agence de protection de l'environnement).